5.10.06

Répertoire des églises vénitiennes (en construction)

en construction...

I Gesuati :je suis resté tout à fait insensible à ce déballage baroque fastidieux. Pas de souvenirs particuliers, si ce n’est du marbre à tous les étages sculpté avec finesse mais sans la moindre passion. Fresque de Tiepolo (je crois) sur le plafond (qui est très haut)

I Gesuiti :édifice mégalo de la fin du XVIIe siècle, juste avant les Fondamente nove. Mêmes remarques que pour les Scalzi, voire les Gesuati. Tenture sculptée en marbre ! ridiculement tapageur. Il y a un Tintoret très sombre, mais j’ai pas eu le goût de le regarder bien.
I Gesuiti

Oratoria dell’Annunciata :petite chapelle comme une baraque à frites sur le campo.

Oratorio dei Crociferi :en face de l’église des Jésuites. Petite chapelle remplie de toiles de Palma le Jeune, à l’origine oratoire d’un hospice.

*Redentore (Giudecca) :je m’y suis ressourcé avant mon examen d’histoire du jazz. Je ne me souviens pas d’un tableau en particulier mais de l’ensemble, très harmonieux, allant de la naissance du Christ à sa résurrection. J’ai été marqué par les couleurs des tableaux, même si l’église est mal éclairée. – je viens de lire qu’il s’y trouvait deux Vivarini dans la sacristie… - ceux-ci n’y sont plus.

San Andrea :un des endroits les plus tristes de Venise ? petite église que l’on trouve en remontant la rue qui va du Piazzale Roma au port. Portique du début de la Renaissance avec bas-relief de la pêche miraculeuse. Tout est abandonné, et on peut imaginer ce qu’était cette église avec son petit cimetière avant le chemin de fer, le pont de la liberté et le nouveau port.

San Barnaba : le campo est très beau, l’église par contre n’offre rien de remarquable. Photocopie ( !) d’un très beau Véronèse qui se trouve maintenant aux Carmini, planqué au-dessus d’un confessionnal. Incompréhensible. San Beneto :petite église fermée entre Sant'Angelo e San Luca
San Biagio o San Giorgio (église anglicane) :bizarre. Pas très bien compris ce qu’il en était de cette église, découverte lors d’une fête d’anglicans et de people pimpants. En restauration, elle était emballée dans du papier-cadeau.

San Bonaventura :sur la pointe du canal de la Giudecca, l’église et le couvent Bonaventure sont ouverts sur la mer. Abandonné à présent.

San Canciano : encore une église tenue par un bedeau terrifiant. Mais je préfère cela aux églises payantes… très drôle, j’ai trouvé un vieux feuillet jauni et plastifié sur lequel est tapée à la machine une visite de l’église. D’un côté, visite historienne de l’art, de l’autre, visite spirituelle. Les mêmes œuvres sont donc analysés sous les deux aspects. Cette église est complètement étouffée par les maisons qui l’entourent, et son campo est ridicule. Lieu de passage entre Santa Maria dei Miracoli et Santi Giovanni e Paolo, elle semble être tombé dans l’oubli général.

San Cassiano : magnifique Annonciation de Bassano. Les tableaux latéraux de cette chapelle (à droite du chœur) sont de Bassano aussi, et très beaux. Deux Tintoret dans le chœur, dont notamment une Crucifixion tout à fait exceptionnelle à gauche.

San Christoforo o Madonna dell’Orto : elle a pris le nom de Madonna dell’Orto lorsque qu’une statue trouvée dans un jardin avoisinant (un gros bloc de pierre blanche) a été installé dans l’église. Elle aurait des vertus miraculeuses. Superbe église, entre le gothique et la Renaissance. Paroisse de Tintoret, il y est enterré et y a laissé ses plus belles œuvres. L’Adoration du veau d’or et le Jugement Dernier dans le chœur sont des tableaux haut de 14 mètres complètement invraisemblables, surtout le deuxième. Que dire de la Présentation de Marie au temple, dont Ruskin déplore la restauration du XIXe siècle ? Certainement un des plus grand trésors de Venise. Et encore, l’apparition de la croix à Saint-Pierre, la Décapitation de Saint-Paul, le Miracle de Sainte-Agnès. Que des chef-d’œuvres, typiques du Tintoret. Dernière grande surprise : Saint Jean-Baptiste avec les saints Pierre, Marc, Jérôme et Pierre, de Cima da Conegliano, une merveille de la fin du Xve siècle, pleine de symboles, à l’architecture pure, au sentiment religieux infini.


San Felice : église triste et sale, surveillée par une espèce de madame pipi en sortie de bain. Aucune indication nulle part. Je suis resté longtemps devant ce que j’ai déduit être une Sainte-Anne, au regard vraiment triste. Les couleurs du tableau étaient très belles, il doit dater de la fin du XVIe, début XVIIe.

San Francesco della Vigna :un des coins les plus calmes de Venise, place avec colonnades. Façade de Palladio, campanile jumeau de San Marco et très élevé. L’église ne contient pas de grands chef-d’œuvres mais l’ensemble est beau. Dans la sacristie avant le cloître, une grande émotion : une Vierge avec Jésus et des Saints, notamment Saint Sébastien et semble-t-il Saint-Jérôme, de Giovanni Bellini. Superbe. Le cloître est très simple et paisible. Belle statue au centre, de Saint-François, datant des années 30.
San Francesco della Vigna

San Francesco di Paola : kitsch et superstitieuse à souhait, bien à sa place sur la populaire Via Garibaldi. Pas de commentaires à faire. Deux femmes récitaient des chapelets en relais près de l’autel. (tiens, il paraît que le plafond est très intéressant, un des derniers témoignages intacts du Xve siècle… je suis passé trop vite…)

*San Gerardo Sagredo : à Sacca Fisola, bloc de béton de 1961. Il est toujours intéressant d’y aller faire un tour : HLM à l’italienne, mais ambiance de village ; sur la place, les femmes bavardent assises sur les bancs, les hommes sont à la terrasse du café et les enfants jouent au football sur la pelouse.

San Geremia : aah, enfin une église de pèlerinage... De l’église San Geremia, je savais que j’adorais la façade donnant sur le Grand Canal, avec la maison à colonnades à côté, et le canal qui tourne et part vers les Fondamente Nove. J’y avais passé de longues minutes, la nuit, à respirer la perfection de l’endroit. A l’intérieur de l’église, rien à signaler d’intéressant, il faut bien le dire. Depuis la démolition de l’église San Lucia pour laisser place à l’horrible gare de Mussolini, San Geremia accueille le corps authentifié de la Sainte martyre de Syracuse. Un masque a été placé sur son visage, mais ses chevilles et ses pieds en décomposition sont visibles. On peut aussi voir une vieille cape lui ayant appartenu. Plein d’objets kitsch en vente, de livres des années 70 avec des photos en papier glacé qui sentent un peu le moisi.

San Giaccomo Crisostomo : église rose que l’on remarque à peine, sur le chemin du touriste du Rialto à la Strada Nuova. Première église dans laquelle je suis me suis assis à Venise. À l’intérieur, le plus beau Bellini de Venise, le plus beau tableau vu à Venise jusqu’ici : Saint-Christophe, Saint-Jérôme et Saint-Louis. Une des choses les plus parfaites du monde, plus grand tableau vénitien, italien… vie contemplative, retirée, versus vie active dans le monde. Beau tableau dans le chœur de Sebastiano del Piombo, qui mériterait que j’en parle, mais l’ais-je seulement regardé ? Je n’ai vu que Bellini. S’il n’y avait qu’un tableau à voir à Venise, ce serait le Bellini de Saint-Jean Chrysostome.

San Giovanni Chrysostomo

San Giaccomo dell’Orio : fantastique église, modeste mais à l’atmosphère extraordinaire. Les chapiteaux sont les plus beaux de Venise, le plafond en carène de navire est très intéressant. Mais surtout, dans le transept sud, une colonne de marbre vert, apparemment ramenée des butins de Byzance et signalée par Ruskin. De là, en regardant vers la contre-façade, on a une vue géniale sur l’église. Belle vierge à l’enfant de Lotto, avec de belles draperies vertes
San Giaccomo dall'Orio

San Giaccomo di Rialto : en rénovation, petite église de la première Renaissance, juste avant le pont.

San Giobbe : accueil pour le moins antipathique dans cette église payante du fond du Cannaregio. Beau portail par Lombardo. Paradoxalement, elle a l’air assez mal entretenue. Elle recèle néanmoins de véritables trésors. La plupart des tableaux (Vivarini, Bellini), ont été transférés à l’Accademia. A voir, une belle Nativité de Savoldo, un Christ mort de Belano, des Noces de Sainte Catherine de A. Previtali, une étrange tête de Saint Bernard, un très beau Zati du XIXe siècle. Une chapelle latérale, décorée par Della Robbia, est le clou de la visite.

San Giorgio degli Schiavoni (Scuola Grande) :


San Giorgio dei Greci : église orthodoxe grecque très richement décorée. Campanile fort penché.
*San Giorgio Maggiore : grande église très froide à l’intérieur. A l’extérieur, une des plus belles vues de Venise. Église de Palladio, comme celle du Redentore, sa voisine de la Giudecca. Deux grands tableaux du Tintoret dans le chœur. Emplacement des moines derrière le chœur, séparé des fidèles. A l’étage, chapelle où se donne la messe (chants grégoriens). Je me rappelle d’un petit tableau avec Saint-Georges, je crois qu’il était de Carpaccio mais n’en suis plus sûr.

San Giovanni Elemosinario : Waow ! alors celle-là, je la cherchais depuis des mois. Perdue dans la zone du Rialto, derrière les étals des boutiques, insérée dans cette suite de bâtiments du XVIe siècle, toute petite église d’une richesse incroyable. A l’entrée, caveau avec fresques souterrains du début du Moyen-Age. À noter : la décoration extraordinaire de la coupole par Pordenone, les Saints Catherine, Sébastien et Roch du même Pordenone, et le Saint-Jean Elemosinario du chœur qui est un des plus beaux Titiens de Venise, aux couleurs très sombre, et sobre, la figure du vieillard est très belle.
San Giovanni Elemosinario

San Giovanni e Paolo : La deuxième plus grande, de quelques centimètres plus petits que sa cousine gothique des Frari, construite à la même époque. Véritable mausolée dans le mausolée. La plupart des doges y sont enterrés. Incroyable parcours donc depuis les sobres caveaux du 13e siècle jusqu’aux gigantesques autels de la fin du 17e siècle. Évolution du traitement de la mort du profond Moyen-Age à la fin de l’ère baroque. Je n’ai pas vu les Titien mentionnés par Ruskin, j’imagine qu’ils ont été brûlés dans l’incendie du siècle passé. Par contre, très beau Bellini de la première période, triptyque avec un Saint-Sébastien très moderne. Je me suis fait prendre par la fermeture, ai du quitter les lieux trop tôt.
San Giovanni e Paolo

San Giovanni Evangelista : fermée. Le campo, avec la scuola grande de l’autre côté, est un des plus beaux endroits de Venise. Un portique tout en dentelles, surmonté d’un grand aigle en pierre, rejoint les deux bâtiments. – J’y suis retourné, l’église a ouvert partiellement, et accueille une exposition de Zec qui imite Rembrandt. L’église est très pauvre et sale.

San Giovanni in Bragora : église de mon déménagement en juillet, sur le campo di Moro. La légende dit qu’elle est une des premières églises de Venise. La façade est gothique, modifiée au début de la Renaissance comme partout ailleurs. L’intérieur est épatant : s’y trouvent quelques Vivarini merveilleux et surtout un Saint-Jean baptisant le Christ, sur le maître-autel, du génial Cima de Conegliano.
San Giovanni in Bragora

San Giuliano o San Zulian : petite église toute carrée typique du quartier de San Marco. Belles choses, notamment des Palma le Jeune, mais rien d’exceptionnel. Le chœur est pauvre ; s’y trouve un infâme Christ-Roi des années 50 dont émane des lumières bleues et roses. A voir, un Boccacio Boccaccini d’un très bon 15è siècle.

* San Lazzaro degli Armini (monastère Mékhitariste) : monastère arménien situé sur la magnifique île de San Lazzaro. Dans l'église, superbes mosaïques de Murano, fin XVIIIe siècle. Rideau à la bordure en or couvrant le chœur (et donc l’officiant pendant la messe). A revoir, avec moins de touristes. Moment très fort dans la nouvelle bibliothèque de forme octogonale, où tout le patrimoine culturel d’un pays tient en quelques mètres, sous verre, emballé.

San Lio : vieille Madonna di Loreto au très beau visage. San Giaccomo du Titien, qui m’a l’air assez abîmé. Eglise dans un état général assez miteux, et pourtant de grande valeur. Plafonds de Tiepolo.

San Lorenzo : la façade est en pierre orange et nue, très haute, elle ferme complètement un étrange petit campo. Inscription sur la façade : ex-chiesa San Lorenzo. Un vitrail tout en haut est percé et les oiseaux y rentrent. Elle a l’air plus à l’abandon qu’en restauration.

San Luca : bien située mais insignifiante, les différentes restaurations l’ont détruite. A l’intérieur, rien ne vaut le détour. Un Palma le Jeune, un Véronèse et un Loth. Plus quelques tableaux du XIXe.

*San Martino (Burano) : aucun souvenir ! petite église de village sans prétention.

San Martino : juste à côté de l’Arsenal. Je n’ai pas de souvenir particulier de l’intérieur, mais il y a juste à côté de l’église, de l’autre côté du pont, un petit pâté de maison des plus intéressants.

San Maurizio : église reconstruite totalement au XIXe siècle, fermé au culte, repère de touristes : collection d’instruments (à cordes) du XVIIIe siècle et Vivaldi dans tous les sens. Maison natale de Baffo sur le campo.

San Moise : à vomir, ça pue l’arrivisme et l’épate. La façade est vulgaire et d’une prétention presque ridicule. L’intérieur nous tombe dessus lorsqu’on rentre.

San Moise

San Nicolo dei Mendicoli : en plein coeur du calme et ensoleillé quartier Santa Marta, église très ancienne à campanile carré et grossier, décorée de babioles insensées. Toute la nef est décorée de peintures de la vie du Christ. Au plafond, scènes avec Saint Nicolas. Tout est très populaire, et l’on trouve de très anciennes statues du 1er Moyen Age aussi bien que des fresques maladroites du XIXe siècle. A l’extérieur, l’entrée principale est fermée par un petit cloître de grilles. Au dessus de la porte, bas-relief de Saint-Nicolas avec trois boules (d’or selon la légende).

San Pantalon : atmosphère vraiment étrange dans cette petite église assez sombre. Je me suis perdu des heures dans la fresque qui orne tout le plafond. Fumiani y conte la vie et le martyre de San Pantalon. Il a mis 25 ans pour accrocher tout cela là-haut, et il en est mort (chute ?). Impression de vertige, je me sens aspiré vers le haut. Bonne odeur.

San Pietro del Castello : redécouverte intéressante de cette petite île grâce à l’univers de Corto Maltese. Longue promenade dans le quartier populaire qui longe les Giardini. Voir le trône de Saint-Pierre où sont sculptés des versets du Coran.

*San Pietro Martire (Murano) : je me souviens surtout de deux Bellini extraordinaires, ainsi que de la sacristie remplie de statues en bois du XVIIe siècle. Vitraux en fond de bouteille (Routard) de l’île. Œuvres du Tintoret et je crois de Véronèse que je n’ai pas pris le temps de regarder.

San Polo : belle église à l’intérieur gothique, plafond en carène de bateau. Semble avoir souffert des restauration, mais ambiance et odeurs très apaisantes. Le plus intéressant est à la sacristie : Chemin de croix du fils de Tiepolo, Giandomenico, magnifique, coloré mais sombre, visages extraordinaires.

San Raffaello Angelo : j’ai été suivi du début à la fin par un vieux bedeau vénitien qui m’a en partie gâché la visite. Je n’ai pas compris un mot sortant de sa bouche. Eglise très XVIIIe siècle. Bel orgue décoré de scènes mythologiques. Belle Cène de je ne sais pas qui. Beau tableau de Guardi. Il y a un Véronèse mais je ne l’ai pas vu.

San Rocco : rien à en dire je pense. Le campo est magique la nuit, infréquentable la journée. Oui, vraiment magique, le campo San Rocco, entre la scuola grande et l’église. Les deux édifices forment un cadre au ciel, ils se rejoignent du haut de leurs colonnes en dentelles. Il y a d’intéressants éléphants (minuscules) au pied des colonnes de la scuola. Les têtes de lion sur la grande porte en bois sont très amusants.

San Salvatore : dans le centre infréquentable, d’un baroque que je n’aime pas beaucoup, mais l’église est bien faite. A l’intérieur, les dalles sont belles. Transfiguration du Christ du Tintoret, ainsi qu’une Annonciation à Marie, si j’ai bon souvenir, du même auteur. Repose ici Catherine Corner, reine de Chypre, son monument n’est pas franchement beau. Sur le premier autel à droite, on laisse les photos de ses proches avec une prière.

San Samuele : petite église étonnante donnant sur le Grand Canal que je n’ai jamais vu ouverte. Le petit campo près du canal est très beau.

San Sebastiano : il s’agit de l’église de Paolo Véronèse, qui signe tous les tableaux, tous les murs, les plafonds, l’orgue. Grande unité donc, et donc complètement Renaissance. Belle sacristie où j’eus droit à une incompréhensible discussion avec un cuistre américain.

San Simeon Piccolo : petite église faite de colonnes classiques et d’une coupole verte, la première que l’on voit lorsque l’on sort de la gare, de l’autre côté du Grand Canal. Ses marches sont envahies de mousse. Fermée (pour restauration ?).

San Silvestro : je n’ai malheureusement jamais vu cette église ouverte, mais ai passé de bons moments assis sur ses marches. – finalement, j’y suis entré : église très modeste entièrement reconstruite en style néo-classique au XIXe siècle (achevée en 1909). A l’intérieur, baptême du Christ du Tintoret, très beau tableau de Loth. Triptyque du 14ème de moyenne qualité et très beau Santacroce. La maison de Giorgione est sur le campo, au 1022. San Silvestro était l’église des gondoliers, sous la protection de Saint Jean-Baptiste.

San Stae : bête exposition Léonard de Vinci à l’intérieur. Façade baroque racoleuse. Belle vue sur le grand canal.

San Stefano : comment n’étais-je jamais entré dans cette église ? A toujours fuir les endroits touristiques, je manque parfois des choses ! Église gothique dernière époque absolument extraordinaire. Dans le style de San Polo et des Frari, mais en plus sobre (en fait sans les tombeaux de doges mégalomanes sur les côtés), à trois nefs, grande et aérée. Les chapiteaux sont byzantins et magnifiques, les colonnes malheureusement recouvertes de velours rouge, le plafond une fois encore en carène de bateau et décorés en trompe-l’œil ou sculptés (grand débat pour mes voisins français). Plein de tableau que je n’ai pas analysés. Dans la chapelle avant le cloître, série de chefs-d’œuvre, dont une Veillée aux oliviers du Tintoret très sombre et très moderne, ainsi qu’une Vergine col bambino du XVIe siècle de je ne sais plus qui. Dans le cloître, nombreuses statues récupérées à droite à gauche, notamment de Lombardo. Un buste lui est attribué, celui d’un jeune homme ou femme, qui aurait inspiré la Vierge de l’Assomption de Titien, et qui se trouvait avant à Santa Maria Maggiore. Le visage est magnifique, les yeux, les cheveux, elle sort du marbre comme un rêve. Deux vieilles statues en bois du sculpteurs strasbourgeois que l’on retrouve aux Frari.

San Trovaso : l’église n’est franchement pas belle, ni même intéressante, mais elle renferme beaucoup de peintures importantes, surtout du Tintoret et de Palma le Jeune. Du premier, beaucoup de tableaux très fantaisistes, très torturés, mais aussi un Saint-Antoine apaisé qui fait du bien à voir. Il y a une Dernière cène qui m’a l’air fameuse mais à laquelle je ne me suis pas arrêté (quoique, sa disposition est une fois de plus très particulière). De Palma le Jeune, encore une belle Annonciation, tout petit tableau dans la chapelle à gauche de l’entrée. Les tableaux sont très mal éclairés, et certains ont l’air en mauvais état. Très bel orgue du XVIIIe siècle. À l’entrée, petite farde de documents pour la visite ; celle en français est très bien faite et ne contient pas trop de fautes, ce qui est rare.

San Vidal : rien à signaler, concerts de musique classique (Vivaldi !) tous les soirs. Ah si ! un magnifique Carpaccio derrière ce qui reste du maître-autel, avec un cheval blanc très beau.

San Zaccharia : je l’ai vu dès mon entrée, encastré dans le mur de gauche, entre mille autres tableaux. Mais il est grand, dans l’ombre, mon Giovanni Bellini, ma Vierge à l’enfant avec quatre saints. J’ai mis la pièce dans la machine. Inutile de dire que je n’ai vu que ce tableau, des dizaines de minutes. C’est la perfection de l’art. Visite beaucoup plus tard de la crypte, abandonnée sous un mètre d’eau, un vieil autel et une vierge. J’ai vu la chapelle d’or, ses fresque du XIIe siècle, ses triptyques somptueux de Vivarini. Le Palma le Vieux est en restauration.
San Zaccharia

San Zobenigo : ça faisait longtemps que je voulais y rentrer, attiré par je ne sais quoi, la façade étant du plus tapageur baroque. Mais je crois que j’aime une des quatre statues de l’entrée (la première à droite) de la famille Zobenigo. A l’intérieur, rien à signaler architecturalement. Par contre, un des plus beaux Tintoret de Venise, très sobre : le Christ avec Sainte-Justine et Saint-Augustin. Portrait des évangélistes par le Tintoret derrière le chœur. Et alors surtout, le seul Rubens de Venise, Vierge à l’enfant et Saint-Jean, très mal éclairé dans une chapelle sombre. Je peux mesurer maintenant les différences et ressemblances de la peinture flamande avec la peinture vénitienne. Très beau en tout cas, les couleurs et les regards. Dehors, le campanile a été détruit au XIXe siècle ; on a essayé de le reconstruire mais l’on s’est arrêté après 3 mètres de hauteur : aujourd’hui, il sert de kiosque pour un magasin de souvenirs…

Sant’Alvise : j’ai eu droit à une visite guidée ma foi très correcte de l’église, par une vieille grand-mère vénitienne pour un groupe troisième âge italien. La très cinématographique Montée au Calvaire du Tiepolo est le chef-d’œuvre de l’église, mais il y a plein d’autres choses : le plafond d’abord, en trompe-l’œil passionnant de la fin du XVIIe siècle (mais qui dénote sans doute avec l’ensemble de l’église). Le balcon des religieuses est de nouveau très beau. Enlèvement du corps de Saint Marc, par Pietro della Vecchia. Ce que j’ai préféré : les huit petits tableaux attribués à Bastiani, qui représentent des scènes de l’Ancien Testament. Le dessin y est encore très naïf, un peu en retard sur son époque. Ces tableaux furent d’ailleurs pris dans un premier temps pour des œuvres de jeunesse du Carpaccio. Quelqu’un y a griffonné Carpaccio au bas de chaque panneau.

Santa Chiara : au milieu du no man’s land entre le Piazzale Roma et le pont de la liberté. On dirait un couvent. Rien à dire.

Santa Fosca : je l’ai vu dans les premiers jours mais ne me souviens plus de rien.

Santa Maria dei Carmini :mon église. Assez bordélique. Ambiance incroyable quand elle est vide. Remplie de babioles et d’œuvres de grandes valeurs. Parmi les premières, des portraits de Jean-Paul II ou de Padre Pio entourés de cierges, une statue de la caricature de Jean XXIII ; parmi les secondes, un Tintoret avec des très beaux visages et un Véronèse qui devrait être à San Barnaba et qui est accroché n’importe où. Il y a aussi un tableau de Tito, beau-père de ma propriétaire, et chez qui je vis actuellement.

*Santa Maria Assunta (Torcello) : une de mes plus grandes déceptions vénitiennes. Je le gardais en réserve pour un grand jour, enthousiasmé par la lecture de Ruskin. Hélas, piège à touristes (il ne reste qu’une dizaine d’habitants sur l’île, je n’ai pas vu comme Ruskin le campanile abandonné, avec la porte de son escalier en ruines [qui] se balance paresseusement sur ses gonds, une des plus belles vue qui nous soit offert sur terre, ancienne capitale de Venise, ses fiers et rudes marins frappés par la malédiction, mais une infâme île-musée, un chemin bétonné qui nous mène à travers les ruines, à la queuleuleu avec les français, les américains et les allemands. A revoir dans le brouillard d’un matin d’hiver ou le soir d’une chaude nuit d’été.
Isola di Torcello

Santa Maria dei Derelitti – detto l’« Ospedaletto » : église des malades et de malade, à deux pas de Giovanni et Paolo et de son hôpital. Sa façade est délirante et beaucoup trop chargée pour la petite ruelle dans laquelle l’église a été construite. Plafond richement décoré. Je n’ai noté qu’une belle Annonciation de Palma le Jeune sur le dernier autel à droite. Très riche.

Santa Maria dei Miracoli : petit bijou perdu dans un dédale d’étroites ruelles, sa découverte dans un matin de brouillard est sans comparaison. Elle a paraît-il été construite avec les matériaux inutilisés de Saint-Marc. Construite d’une traite, par un seul artiste et son école, elle est le premier exemple d’architecture Renaissance à Venise. Tout a été fait autour d’une Vierge à l’enfant de Nicolo Pietro (1408), que le propriétaire plaça à l’extérieur de sa maison. Elle devint l’objet d’une dévotion intense de la part des gens qui lui prêtaient des pouvoirs miraculeux. Pour l’exposer dans un endroit plus approprié, un groupe de maisons fut démoli pour faire place à une chapelle en bois. Les Lombardo ont ensuite construit la nouvelle église entre 1481 et 1489. à l’intérieur, véritable flamboiement de marbres et décorations sculptées, bas-reliefs et caissons peints. Balcon richement décorée (où se plaçaient les religieuses), tenu par deux piliers sculptés et difficiles à décoder, hauts escaliers montant vers le chœur et la fameuse peinture de Pietro.
Santa Maria dei Miracoli

Santa Maria della Fava : son vrai nom est “della Consolazione”, mais elle a été appelée “della Fava”, paraît-il, à cause d’une boulangerie célèbre qui se trouvait dans le coin et qui préparait des fèves. Je ne me souviens plus du reste, je crois que s’y trouve un Tiepolo.

Santa Maria della Salute : la plus belle silhouette de Venise, la plus belle coupole, ombre constante, présente sur toutes les photos, sur toutes les vues de la ville. C’est aussi derrière ses anges que le soleil se couche, c’est en longeant ses escaliers que le Grand Canal se forme. Construite sur des millions de pilotis en bois, la Salute est une des réalisations les plus impressionnantes et les plus réussies de Venise. A l’intérieur, voir en particulier la chapelle principale avec l’orgue, l’autel dédié à la Salute et la très belle icône antique. Dans la sacristie, très beaux portraits de saints du Titien et sa très connue dernière cène, très très très intéressante.

Santa Maria della Visitazione (Dorsoduro) : cette petite église a été remplacée par l’énorme Gesuati, sur les Zattere. Sert de salle de concert, pauvrement décorée. Mais le plafond est très intéressant, rempli de cadres en bois peints et de portraits (qui datent au moins du Xve siècle).

Santa Maria della Visitazione (San Marco) : en travaux et donc inaccessible. L’endroit, la riva degli schiavoni, est absolument infréquentable, et des groupes d’écoliers se répandent sur les marches de l’église mourante.

Santa Maria di Nazareth o degli Scalzi : déballage de marbre dans cette église située à côté de Santa Lucia. Rien n’est beau, tout est très riche, mais a mal vieilli, vraiment, ça sent la cire et la poussière.

*Santa Maria e San Donata (Murano) : magnifique église en pierre d’Istrie. À l’intérieur, sol de mosaïques très riches de détails et de symboles (animaux, etc.). La « Vierge orante » de la coupole est une des plus belles vierges au monde !

Santa Maria Formosa : grande harmonie grâce à la pierre d’Istrie. Très grande richesse de tableaux : une vierge de Lepante, icône byzantine du Xve siècle superbe, une dernière cène de Bassano très sombre, très belle, mais surtout : Vivarini – triptyque de la Miséricorde, et Palma le Vieux – polyptyque de Sainte-Barbe. Deux tableaux dont je pourrais parler des heures, de deux artistes dont je n’ai pas vu grand chose, tout ce que j’aime dans l’art religieux s’y retrouve.

Santa Maria Gloriosa dei Frari : gigantesque église gothique. Je passe les commentaires sur le ridicule tombeau de Canova, l’extravagant monument au doge Pesaro et le triste bloc de marbre dédié à Titien. L’Assomption du Titien est somptueuse, au centre de l’autel, il y a des centaines de choses à en dire, et sa Vierge Pesaro, moins connue, est aussi très belle. Il y a un Bellini que je manque à chaque fois, je crois qu’il est dans la sacristie, il faut absolument que je le voie. Tombeau de Monterverdi dans la dernière chapelle à droite.
Santa Maria Gloriosa dei Frari

Santa Maria Maggiore : église fermée au public. Belle construction gothique perdue entre le Dorsoduro et San Marta, à deux pas du Piazzale Roma. Elle semble abandonnée, l’herbe pousse sur sa place. Elle a dû souffrir de l’ouverture de Venise au train et ensuite aux voitures. Tout le quartier d’ailleurs perd beaucoup de son charme de ce fait (mais gagne en désolation romantique – c’est selon).

Santa Maria Valverde : située au bout d’une fondementa magnifique, près de la Misericordia. L’église est abandonnée, elle a été vidée récemment et des bâches recouvrent les autels…. Sur la façade, l’inscription de la construction : 1659.

Santa Marta : je n’ai pas réussi à y accéder, elle est encerclée par le port, les routes, rails et travaux. Je viens de lire qu’elle a été vidée de son contenu et abandonnée.

Santa Teresa : juste à côté de San Nicolo. Fermée. Fait partie d’un couvent fondé au XVIIe siècle.

Santi Apostoli : située à la fin de la Strada Nuova. Faut-il le noter, il s’y trouve une très belle Communion de Santa Lucia du Tiepolo. Catherine Corner, reine de Chypre, y fut enterrée un moment, mais est maintenant à San Salvatore

3 Comments:

Blogger Tietie007 said...

Bel article ...je vais retourner à Venise en Novembre, certainement, il me tarde d'y être !

12:53 PM  
Blogger L'association L'AVIS D' ALLEX said...

Nous partons demain à Venise et visiterons les églises avec vos conseils et vos coups de coeur

Merci

Monique et Jacques

8:05 PM  
Blogger Danielle said...

je lis votre post seulement aujourd'hui et je conquise par votre post, passionnant !

Bravo pour votre sincérité, votre subtilité et votre façon de raconter vos coups de coeur.

Je vais suivre pour beaucoup vos conseils en revoyant toutes les églises que vous citez.

Merci Ami.

9:34 AM  

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